La vitrification d’ovocytes reste à ce jour le meilleur moyen de préserver sa fertilité et de déjouer le temps qui passe.
Si la France n’autorise aujourd’hui cette pratique que dans des cas très précis, la nouvelle loi bioéthique permettrait à toutes les femmes d’en bénéficier. Comment faire vitrifier ses ovocytes ? Quelles sont les grandes étapes ? Comment utiliser ses ovocytes vitrifiés par la suite ? Pourquoi cette pratique est-elle si peu répandue ?
Pour en parler, j’ai convié Zineb Meski, spécialiste en analyses cliniques et génétiques au sein de la clinique IVF-Spain à Madrid.
Quel est l’intérêt de faire vitrifier ses ovocytes ? Et pourquoi ne parle-t-on plus de « congélation » ?
La vitrification est une méthode plus rapide et plus sûre pour préserver ses ovocytes. Elle diminue les risques de pertes d’ovules et d’embryons quand on souhaite les utiliser. C’est le processus le plus répandu en Espagne.
Vitrifier ses ovocytes permet de suspendre le temps, de vivre sa vie et de remettre le projet d’enfant à plus tard. L’idéal est de le faire avant 35 ans. Comme vous le savez, c’est à partir de cet âge-là que la réserve ovarienne baisse de façon significative.
En Espagne, il n’y a pas d’âge limite pour préserver ses ovocytes, mais si une patiente demande à faire vitrifier ses ovocytes à 42 ans, nous lui proposons une autre solution, certes plus coûteuse, mais plus adapté à son âge : le don d’ovocyte.
Quelles sont les grandes étapes de la congélation des ovocytes et quel est son coût ?
- On commence toujours par un bilan hormonal complet, pour voir où en est la réserve ovarienne.
- Puis on procède à la stimulation ovarienne de la patiente via un traitement hormonal. Les injections commencent au début d’un cycle. A peine 5 jours plus tard, une première échographie permet de compter les follicules. On ajuste le traitement en fonction du résultat et on procède à une échographie tous les deux jours au cours des 12 jours de stimulations.
- Puis la patiente se déplace chez nous pour la ponction. Ce sera son seul déplacement. Notez qu’Il est important d’arriver la veille, car la ponction se fait le matin, à jeun. C’est un geste indolore, réalisé sous anesthésie. Mais il peut y avoir quelques douleurs au réveil. Nous recommandons aux patientes de se mettre au repos et de ne pas faire de sport jusqu’aux prochaines règles.
On me demande souvent si le traitement hormonal est dur à supporter. L’objectif est le même que dans le cadre d’une FIV : obtenir un maximum d’ovule sur un même cycle. Mais il est moins lourd, car il n’y a pas de progestérone. Sur le plan psychologique, c’est aussi différent : il y a moins d’enjeux, donc moins de stress.
La vitrification d’ovocytes coûte en moyenne 2500 euros en Espagne, avec 5 ans de conservation inclus. Au-delà, le coût de stockage annuel s’élève à 300/500 euros. Si la patiente ne souhaite pas les conserver, elle peut choisir de les détruire ou de les donner.
Comment utiliser ses ovocytes vitrifiés ?
En général les ovocytes vitrifiés servent à réaliser une FIV quelques années plus tard.
Ils sont dévitrifiés, fécondés puis incubés jusqu’au 5ème jour, afin d’obtenir un blastocyste (un embryon le plus mûr possible).
Avant le transfert de l’embryon, la patiente doit préparer son endomètre pour optimiser la nidation. Elle prend donc un traitement hormonal à base d’œstrogène pour épaissir l’endomètre et booster ses récepteurs. L’embryon est transféré et la nidation prend une dizaine de jours.
Il est important de rappeler que Les ovocytes ne perdent pas en qualité au moment de la dévitrification.
Mais vitrifier ses ovocytes ne prémunie pas contre les risques génétiques. En fonction de l’âge auquel la patiente a fait préserver ses ovocytes, il peut être intéressant de faire un DPI (diagnostic préimplantatoire) pour s’assurer de la bonne santé des embryons.
La vitrification d’ovocyte n’a pas d’incidence négative sur la grossesse. L’impact serait plutôt positif. Avec un ovocyte plus jeune, on diminue les risques de fausses couche et d’altération génétique.
Chez IVF Spain, vous recevez régulièrement de patientes qui souhaitent vitrifier leurs ovocytes. Quel est leur profil ?
Seules 10% de nos patientes viennent faire vitrifier leurs ovocytes. La plupart sont célibataires et le font autour de 35 ans en attendant de rencontrer la bonne personne. Mais nous avons aussi quelques très jeunes femmes, encore étudiantes, sensibilisées à la baisse de la fécondité. Elles le font, sans savoir si elles les utiliseront un jour, plus comme on prendrait une assurance vie ou une assurance pour sa voiture ;-).
Mais force est de constater que, même en Espagne, les femmes sont assez peu au courant de cette solution pourtant très efficace. Les jeunes gynécos en parlent de plus en plus à leurs patientes, mais les choses changent très lentement.
La plupart des jeunes femmes n’y pensent pas car elles n’imaginent pas avoir un jour des problèmes pour faire un enfant. Pourtant nos ovocytes vieillissent au même rythme que nous, ils perdent en qualité et la réserve ovarienne baisse au fil des années.
Une dernière chose que j’aimerais préciser : se faire ponctionner ses ovocytes pour les vitrifier ne diminue pas la réserve ovarienne, car elle se renouvelle tous les mois ;-).
Si tu as aimé cet article, tu aimeras sans doute le témoignage de Sophie et ses ovocytes vitrifiés.
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