Tous les gynécos le disent : la fertilité baisse avec l’âge !

Oui, mais dans quelle mesure ? Les hommes sont-ils confrontés au même problème ? Quelles sont les solutions pour préserver sa fertilité ? Pour le savoir, nous avons interviewé le docteur Katarina Spies, gynécologue-obstétricienne à la clinique Procreatec de Madrid.

Docteur Spies, pourquoi la fertilité féminine baisse-t-elle avec les années ?

Chaque femme nait avec un nombre d’ovocytes bien précis. C’est ce qu’on appelle la réserve ovarienne. On a toutes à peu près la même (entre 100 000 et 150 000 ovocytes par femme).

Cette réserve ovarienne diminue avant même la naissance, pendant la vie intra-utérine, puis tout au long de notre existence. Mais cette diminution s’accélère vraiment à partir de 35 ans.

L’âge joue aussi sur la qualité de nos ovocytes. C’est à partir de 37 ans, qu’elle baisse drastiquement. Et, comme dans beaucoup de domaine, la qualité prévaut sur la quantité ;-). La baisse de la qualité des ovocytes entraine des altérations chromosomiques, en partie responsables des fausses couches et des trisomies 21.

En d’autres termes, si on veut concevoir un enfant autour de 40 ans, il vaut mieux avoir un seul ovocyte de très bonne qualité, plutôt que 10 ovocytes de qualité moyenne ou basse !

Lors d’une FIV, les chances de grossesse diminuent en fonction de l’âge : elles sont de plus de 80% pour les femmes âgées de moins de 35 ans, ce taux passe à 60 % pour les femmes de 35-40 ans et à 40% chez les femmes de plus de 40 ans.

Les hommes sont-ils moins exposés que les femmes à cette baisse de la fertilité ? Ont-ils eux aussi une horloge biologique ?

La réserve ovarienne de la femme ne se renouvelle pas, alors que l’homme produit de nouveaux spermatozoïdes toute sa vie…

Mais la fertilité masculine a aussi ses limites, autour de 45/50 ans.

3 critères sont à prendre en compte : la morphologie, la mobilité et la quantité des spermatozoïdes.

Avec l’âge, la qualité et la quantité des spermatozoïdes baissent donc, ce qui influe sur le développement et la santé de l’enfant.

On remarque aussi une augmentation de la fragmentation de l’ADN, ce qui peut engendrer des malformations sur l’embryon. Certaines études relèvent aussi une corrélation entre l’âge avancé du père et des troubles psychiatriques, tels que la schizophrénie et l’autisme. Enfin, on soupçonne qu’un père âgé puisse être à l’origine de certains cancers infantiles ou mutations spontanées de certaines gênes chez l’enfant.

Aujourd’hui, des couples de plus en plus jeunes sont confrontés à des troubles de la fertilité…  La baisse de la fertilité ne serait donc pas exclusivement liée à l’âge ?

Non, effectivement !

Les perturbateurs endocriniens, une mauvaise hygiène de vie, l’abus de tabac, de drogues et d’alcool favorisent clairement l’infertilité.

Les maladies infectieuses de l’appareil reproductif (endométriose, maladies génétiques…), les traitements de chimio et de radiothérapie ont aussi leur part de responsabilité

Enfin la dimension psychologique est essentielle: le stress peut aller jusqu’à bloquer l’ovulation. D’ailleurs, nous recommandons à nos patientes de faire leur traitement de FIV après les vacances plutôt qu’avant. Les résultats sont tout simplement meilleurs !

Peut-on lutter contre la nature et prévenir la baisse de la fertilité ?

Hélas non ! La baisse de le réserve ovarienne est inéluctable.

Bien sûr, une bonne hygiène de vie permet de limiter la casse.

Mais la vraie solution consiste dans la vitrification de ses ovocytes.

L’idéal étant de le faire avant ses 30 ans, car plus les ovocytes congelés sont âgés, moins ils ont de chance de résister à la décongélation.

C’est une opération coûteuse (entre 2000 à 3000 euros) mais qui permet une vraie tranquillité d’esprit.

Quand un couple âgé de 40 ans rencontrent des problèmes pour procréer, quelles solutions lui proposez-vous chez Procreatec ?

Nous proposons différentes options après examen de la réserve ovarienne et de la qualité du sperme.

Si la réserve ovarienne est correcte et que la femme a moins de 44 ans, nous partons sur une FIV, dont le coût s’élève à 5 000 euros. Pour maximiser les chances de réussite, il est possible de faire un diagnostic préimplantatoire (DPI). C’est à dire qu’au 5ème jour de maturation de l’embryon, nous prélevons quelques cellules pour voir si l’embryon est sain et qu’il n’y a pas d’anomalie chromosomique. Cette manipulation augmente les chances de réussite de la grossesse et fait baisser les risques de fausse couche. Le coût de la FIV avec DPI de 7500 euros.

Si la réserve ovarienne est trop basse, nous proposons un don d’ovocytes. La FIV se fait donc avec l’ovocyte d’une donneuse jeune, et la qualité embryonnaire est en général très bonne. Nous obtenons des taux de grossesse qui s’élèvent à 65% avec le transfert un seul embryon et à 80% avec le transfert de 2 embryons. Son coût s’élève à 8 500 euros

Nous proposons aussi le double don, si le sperme est de mauvaise qualité ou si la femme est célibataire. L’embryon sera donc constitué d’un spermatozoïde et d’un ovocyte jeunes.

Il existe une troisième option, plutôt à destination des femmes célibataires : l’adoption d’un embryon, mais les chances de grossesse sont de 15 à 20% moins élevées que pour un double don. C’est une opération moins coûteuse qui coûte 2 800 euros.

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