Célibataire à l’aube de la quarantaine, Mariama a décidé de devenir maman grâce à un don de sperme au Danemark.

Un choix réfléchi et parfaitement assumé qui s’est imposé à elle comme une évidence !

Rencontre avec une femme pétillante et bien dans ses baskets, qui revient sur ses choix et son long parcours de PMA pour devenir maman.

A quand remonte ton désir d’enfant ?

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu un enfant ! C’était un désir chevillé au corps, il était pour moi inconcevable de vivre sans enfant. Et je me suis souvent dit que je le ferais toute seule. C’est en partie due à mes origines comoriennes, imprégnée de culture matriarcale. Et probablement aussi à une certaine déformation professionnelle. Je suis avocate et je suis régulièrement en contact avec des couples qui se déchirent, des familles dysfonctionnelles… Je demeure convaincue que les séparations houleuses sont plus destructrices pour un enfant que la structure familiale.

Et tu n’as jamais rencontré d’homme qui te donne envie de faire un enfant en couple ?

Non, pas vraiment ! Et Je ne voulais pas concevoir un enfant avec n’importe quel homme par dépit, dans l’urgence.
À 37 ans, en plein parcours de PMA, j’ai rencontré un gentil garçon (lui-même père), qui a compris ma démarche. Du coup, je n’ai pas interrompu mes tentatives durant cette relation. Mais nous nous sommes séparés par la suite pour d’autres raisons…

Aujourd’hui, en tant que maman solo, je ne suis pas fermée à l’idée de rencontrer quelqu’un qui serait un papa de coeur, et de former une famille à 3 ;-).

Ce choix de faire un bébé toute seule, tu l’as longuement mûri ?

Oui, même si c’était relativement évident pour moi d’aller vers la parentalité en mode solo, j’ai souhaité me renseigner, par amour et par respect pour l’enfant qui viendrait à naître.

je me suis donc longuement interrogée sur la psychologie des enfants nés de dons, la position des religions, le regard de la société, la compatibilité avec mon activité professionnelle… Et, puis, j’ai pris ma décision en conscience ! Les lois françaises sont frileuses ? Aucune religion ne légitime la PMA solo ? Peu importe, je ferai avec !

Pourquoi avoir choisi le Danemark pour le don de sperme ?

Je ne souhaitais pas un donneur anonyme.

Et le Danemark est un des premiers pays à avoir lever l’anonymat sur le don. Selon moi, Connaître le donneur a deux avantages. Cela permettra d’éviter une certaine souffrance à ma fille, elle pourra mettre un nom sur son géniteur et éventuellement prendre contact avec lui plus tard. Ensuite, il était essentiel pour moi d’avoir accès à un dossier médical complet.
On me demande souvent si il n’y a pas de risques de s’attacher au donneur, dans ce cas de figure. Moi, quand j’ai fait cette démarche, je n’avais pas accès à des photos actuelles du donneur, seulement des photos de lui bébé 🙂
Mais je sais que les choses ont changé aujourd’hui au Danemark. On peut désormais voir des photos du donneur adulte… Ce qui ne me semble pas forcément être une bonne idée, tant cela alimente de dangereux fantasmes !

Comment s’est déroulé ton parcours de PMA ?

Entre mes premières démarches à 35 ans et mon accouchement, quatre années se sont écoulées. Quatre années de tentatives infructueuses, de déceptions, de sentiment d’injustice, de doutes, de larmes……

J’ai fait 5 inséminations au Danemark.

Un cycle de PMA est éprouvant physiquement, moralement que l’on soit seule ou en couple. C’est un véritable maelstrom émotionnel. Les dix premiers jours du cycle sont rythmés par le monitorage (prise de sang et échographie) pour surveiller la maturation des follicules ; les injections d’hormones que l’on se fait seule à heure précise pour stimuler ses ovaires ; l’injection programmée à la seconde près pour déclencher l’ovulation. Puis tout va très vite : bouleverser son agenda pour se libérer, faire correspondre la livraison des paillettes à la clinique, la disponibilité des sages-femmes et le trajet en avion afin d’être inséminée exactement 12h après l’injection de déclenchement

As-tu parlé du donneur à ta fille ?

Oui, j’ai commencé à lui en parler quand elle était dans mon ventre !

Aujourd’hui, ma fille de 3 ans dit « Je n’ai pas de papa, mais j’ai un donneur ». Elle s’est imprégnée de cette réalité.

Nous en parlons très librement toutes les deux. Elle sait tout de son mode de conception. Je veux qu’elle grandisse en intégrant l’idée qu’il existe plusieurs type de famille. Jai même trouvé des livres très bien faits qui traite du sujet.

  • Familles de Patricia Hegarty
  • Les graines magiques de Céline Lhuillier
  • Our story de Donor Conception Network

Comment as-tu géré la relation fusionnelle avec ta fille en l’absence de tiers séparateur ?

Le cordon s’est coupé naturellement avec ma fille quand j’ai repris le travail.

Je ne tenais pas spécialement à ce que nous formions un couple fusionnel… Ma fille a vite été mise en contact avec des nounous, des baby-sitters et ça s’est très bien passé.

Et quant au fait d’avoir une présence masculine, c’est mon petit frère, qui vient régulièrement sur Paris et qui joue un peu ce rôle !

Et si c’était à refaire ?

Je le referais sans hésitation. C’était la meilleure solution pour moi pour devenir maman ou du moins une solution acceptable !

De plus, mon statut de maman solo est assez bien accepté. J’appréhendais la réaction de ma famille, mais ils m’ont ouvert grand les bras. Je n’ai pas de regards désapprobateurs, juste quelques réflexion ou avis sans conséquences… On me pose même souvent des questions, les gens s’intéressent à mon parcours.

Alors, oui, au quotidien, c’est parfois un peu sportif, il faut juste s’organiser. Mais ni plus ni moins qu’au sein d’un couple classique avec les deux parents qui travaillent.

Penses-tu que la PMA devrait être ouverte à toutes les femmes ?

Oui, pour deux raisons ! La première, c’est la façon dont certaines femmes peuvent se mettre en danger ou vivre des situations glauques pour faire un enfant à tout prix ( via un don artisanal dans une chambre d’hôtel par exemple). La seconde c’est que cette situation est très discriminante ! Mon parcours m’a coûté environ 15 000 euros au Danemark pour les honoraires et frais afférents aux inséminations. Et c’est sans compter les billets d’avion de dernières minutes, les frais de séjours sur place et le coût des absences au travail durant le protocole en France… Un luxe que toutes les femmes ne peuvent pas s’offrir !

Quels conseils donnerais-tu aux femmes qui veulent se lancer dans une telle aventure ?

Être sûre de soi et foncer ! Ne surtout pas stagner en zone trouble. Donc, bien mûrir le projet.

S’assurer d’être bien entourée par sa famille ou ses amies et ne pas hésiter à se rapprocher d’autres mamans solos. Les associations telle que Mam’ensolo sont d’une très grande aide.

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