On connaît les bienfaits du yoga durant les périodes pré et post-natales, mais on ignore souvent qu’il peut avoir un impact non négligeable sur nos facultés de procréation.
En effet, cette pratique ancestrale peut maximiser vos chances de procréer.
Pour en parler, nous avons rencontré Charlotte Muller, spécialiste du yoga de la fertilité
Charlotte, peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 33 ans et je suis devenue professeure de yoga il y a quelques années après 7 ans en cabinets d’avocats et aux directions juridiques de grands groupes.
En 2017, j’ai co-fondé l’application @leserviceapp, qui propose la mise en relation de professionnels du bien-être et de citadins pressés. En 2018, j’ai ouvert « l’appartement le service », un cocon au cœur du 9e arrondissement, où des experts du self-care organisent des sessions en petit comité. J’y enseigne le Fertility, Prenatal et Hormone Yoga en petit comité (8 personnes max).
Quel a été ton parcours et comment en es-tu venue à pratiquer le yoga de la fertilité ?
A la fin de mes études, je voyage pas mal et j’occupe des postes à responsabilité en tant que juriste dans des grands groupes en Asie et aux États-Unis. Je vis un peu à 100 à l’heure, je travaille beaucoup, je sors beaucoup, je fais énormément de sport…
A 27 ans, lors de mon retour en France, on me diagnostique un dérèglement hormonal, un syndrome d’ovaires polykystiques (dit OPK). J’apprends que je n’ovule pas car mon corps ne produit pas les hormones adéquates pour soutenir un cycle normal. Je tente une FIV, mais les choses se passent mal.
C’est un choc et un déclic pour moi, je ressens le besoin de « mieux vivre ». C’est à ce moment-là que je découvre le « fertility yoga », en faisant des recherches sur internet. Pratiquante assidue de yoga depuis longtemps déjà, je me plonge dans le yoga de la fertilité. Au bout de quelques années de pratique, j’ai retrouvé des cycles de règles réguliers, ce qui signifie que je peux retenter une FIV dans de bien meilleures conditions, si je le souhaite.
Quels sont les bienfaits du yoga de la fertilité ? En quoi est-il efficace ?
Le yoga de la fertilité est méconnu en France, mais il se pratique beaucoup aux Etats-Unis. Une étude américaine d’Harvard a prouvé que les femmes atteintes d’infertilité et qui avait recours à la FIV augmentaient leur chance de tomber enceinte de 20% à 55% en pratiquant ce type de yoga. Une autre étude menée en Inde fait le constat similaire de l’impact positif du yoga de la fertilité, avec une augmentation de 40% à 63% de grossesse dans le cadre de transfert d’embryon congelés, ultérieur à la FIV.
Le yoga de la fertilité part du principe que le stress est contreproductif pour procréer. Et, en effet, un cerveau stressé aura tendance à dérégler le système endocrinien, voire à stopper toute ovulation. L’objectif est donc d’apprendre à mieux gérer son stress et de stimuler ses hormones. Mais attention, ce yoga ne vous fait pas tomber enceinte ! En réduisant votre stress et en adaptant votre activité physique à votre cycle, il vient favoriser vos chances de grossesse.
Pratiquer régulièrement le yoga de la fertilité est parfois plus efficace que de faire des séances chez le psy pour ressasser ses problèmes.
Comment se déroule concrètement une séance de yoga de la fertilité ?
Elle se déroule en trois temps.
On commence par des respirations abdominales profondes, qui vont activer la circulation sanguine. Plus la respiration est basse, plus elle est efficace. J’invite mes élèves à respirer dans l’ovaire droit, puis dans l’ovaire gauche, ou encore à expirer en se concentrant sur la glande pinéale. C’est un exercice de visualisation très efficace.
La deuxième parie de la séance est dédiée à des postures. Il s’agit de positions issues du Hatha yoga, qui favorisent le mouvement du féminin : les ouvertures de hanches, le travail sur le plancher pelvien et le bassin… Toute la « zone féminine » est stimulée.
Enfin un temps de méditation vient clôturer la séance pour favoriser le lâcher-prise, apaiser le mental et gagner en optimisme. L’idée étant également d’autonomiser mes élèves dans la gestion de leurs émotions. Un parcours de PMA est souvent anxiogène, on entre vite dans une spirale négative, lors de mauvais résultats. La méditation permet d’en sortir.
Tu organises des cours pour les femmes en début de cycle et celles en seconde partie de cycle. Pourquoi ?
C’est justement le principe du yoga de la fertilité que de s’adapter aux différents moments du cycle !
Durant la phase folliculaire (de J1 à J14), notre corps produit naturellement des androgènes qui nous dynamisent et favorisent l’activité physique. On peut donc se permettre un yoga dynamique et musclant, qui engage bien la sangle abdominale.
Durant la phase lutéale (de J15 à J28), c’est la progestérone qui est à l’honneur pour accueillir la nidation. Je recommande des pratiques plus douces : on arrête les torsions et les inversions et on favorise les positions allongées ou en flexion avant.
As-tu de bons retours de la part de tes élèves ?
Oui ! Deux grossesses se sont déclenchées l’été dernier après respectivement 3 cours pour l’une et 6 mois de pratique pour l’autre.
Je remarque que le yoga de la fertilité est particulièrement efficace chez les grandes débutantes, stressées et hyperactives, qui ne sont pas connectées à leur corps.
Il fonctionne aussi très bien dans les cas d’infertilité idiopathique (inexpliquée), quand aucun problème médical n’est avéré.
J’ai aussi de plus en plus de femmes quadra en parcours de FIV dans mon cours. Comme je le disais plus haut, le yoga de la fertilité peut augmenter leur chance de tomber enceinte de 20% à 55%.
Que peut-on faire au quotidien pour augmenter ses chances de tomber enceinte, en plus du yoga de la fertilité ?
Évitez les perturbateurs endocriniens, responsables de de nombreux troubles de la fertilité ! Vous pouvez utiliser des applis de types Yuka pour décrypter les étiquettes de produits d’hygiène ou cosmétiques.
Mangez équilibré, des produits les plus naturels possibles, bios et locaux si possible. Évitez les barquettes et les bouteilles en plastique.
Adoptez une hygiène de vie saine. On ne le dira jamais assez mais la cigarette réduit de 50% les chances de réussite d’une FIV.
Quel regard porte le milieu médical sur le yoga de la fertilité ? Et que penses-tu de la PMA en France ?
Je collabore avec des gynécologues des centres de procréation médicalement assistée pour la diffusion d’une approche plus holistique des problématiques d’infertilité. Il y a donc une prise de conscience progressive de l’impact positif d’un tel accompagnement au sein d’un parcours de PMA.
Pour moi, la médecine française souffre globalement d’aspects réglementaires et de manque de moyens pour être vraiment efficace. Il n’y a clairement pas assez de gynécos en France. D’autre part, des techniques très répandues, telles que le diagnostic chromosomique, préimplantatoire, devraient être autorisées. En effet, cette dernière permettrait d’éviter de transférer des embryons pas viables et d’avoir un meilleur taux de réussite lors d’une FIV.
Pour retrouver tous les cours de Charlotte Muller, rendez-vous sur son site : https://www.charlottemulleryoga.com/
Avez-vous testé le yoga pour stimuler vos hormones ou pour vous préparer à l’accouchement ? Dîtes-nous tout en commentaire 🙂 !
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