La parentalité tardive est souvent réduite à l’image de la working girl qui se réveille à l’aube de la quarantaine avec une soudaine envie d’enfant…
Mais la grande famille des parents tardifs est beaucoup plus éclectique ! Voici quelques portraits de ces hommes et de ces femmes qui décident de (re)devenir parents à 40 ans et dans lesquels vous vous reconnaitrez peut-être 😉
La famille recomposée ou le bébé de la seconde chance
La plupart des couples se rencontrent sur les bancs de l’école. On s’aime, on se marie et les enfants sont déjà là ! Puis les sentiments s’émoussent, et les enfants ne suffisent plus pour rester ensemble. Même si on n’y croit plus, nombreux sont ceux qui retrouvent le bonheur à la fleur de l’âge en créant une famille « patchwork ». Les enfants d’un premier mariage se mêlent alors à ceux issus de ce nouveau départ.
C’est l’histoire de Florence, maman de 3 enfants entre 27 et 43 ans.
« J’ai rencontré T. à 23 ans et je suis tombée enceinte, quelques années plus tard, un peu par hasard. Après un accouchement un peu traumatique, je découvre la maternité sous un angle tristounet : mon mari travaille beaucoup et je suis souvent seule à la maison avec mon fils. Nous nous séparons aux 3 ans de mon fils. Puis je rencontre C., plus jeune que moi, insouciant et pas vraiment pressé de faire des enfants. 4 ans plus tard, nous mettons tranquillement un bébé en route. J’accouche à 36 ans et je vis la période post-accouchement sereinement : mon compagnon est un papa poule, très investi à mes côtés ! Puis l’envie d’agrandir la famille se fait à nouveau sentir : nous rêvons secrètement d’une petite fille. Alors que nous n’y croyons plus vraiment, je tombe enceinte à… 43 ans ! Nous sommes fous de joie. Ma grossesse est fatigante, surtout avec un ado à gérer (mon premier fils a désormais 16 ans). À l’hôpital, je suis très suivie et on me parle presque de grossesse “gériatrique”… Finalement, c’est un troisième petit gars qui rejoint la fratrie ! Quand je le regarde, je suis encore étonnée d’y être arrivée, j’ai l’impression d’avoir accompli un exploit. C’est un peu la cerise sur le gâteau, cet enfant.
Un p’tit dernier pour la route !
Avant de continuer sur les chemins sinueux de la parentalité tardive, attardons-nous un instant sur la famille « traditionnelle » ! Déjà, en 1946, le baby-boom de l’après-guerre se caractérise par des naissances « tardives » au sein de familles nombreuses. Le petit dernier a souvent une grande différence d’âge avec ses frères et sœurs. L’histoire se poursuit avec le désir de reproduire le schéma familial, ou celui de rester jeune, ou encore de combler un vide. Bref, les raisons sont multiples pour s’accorder cette dernière folie !
Comme l’explique Sylvia, maman de 4 enfants, entre 22 et 43 ans
« Mon mari est moi nous sommes rencontrés jeunes, sur les bancs de la fac. Nous avons trouvé des jobs, un appart et l’envie de faire un bébé est venue rapidement. Nous avons enchainé 3 naissances en 8 ans, car nous souhaitions une grande famille avec peu d’écart d’âge entre les enfants. Ces années sont passées à toute vitesse, entre la vie de famille et nos carrières professionnelles. Nos enfants ont grandi sans vraiment que nous en ayons eu conscience ! Notre aîné a quitté la maison à 18 ans pour aller étudier en province et cela nous a fait un choc. Nous avons compris que les deux autres allaient suivre rapidement. Nous laissions dernière nous une première partie de vie… L’envie d’un dernier enfant s’est imposée à nous ! J’ai mis deux ans à tomber enceinte. L’arrivée de notre dernier fils a été un immense bonheur. Cela nous a donné un coup de jeune. Bien sûr, il a fallu gérer la fatigue, mais nous avons trouvé notre rythme. Ses frère et soeurs l’adorent et nous ne regrettons pour rien au monde cette dernière folie. «
Maman seule mais pas sans toi
Faire un enfant, c’est pour la plupart d’entre nous un projet à deux, le fruit d’une merveilleuse histoire d’amour. Mais parfois, le Prince Charmant se fait longuement attendre…pour finalement ne jamais se présenter ! Faut-il pour autant renoncer à ce désir d’enfant qui s’exprime de plus en plus puissamment à mesure que les années passent ?
Certainement pas, comme en témoigne Rachel, maman solo à 39 ans
« Entre 20 et 35 ans, je ne souhaitais pas m’engager avec mes partenaires, même si mes relations étaient longues et suivies. Mon désir d’enfant se manifeste autour de 38 ans. je retrouve, via Facebook, un copain de maternelle dont je tombe amoureuse. La relation s’étiole rapidement et nous nous séparons au bout de 6 mois. Quelques semaines après la fin de notre histoire, je me découvre enceinte. Il m’a fallu deux tests de grossesse pour m’en persuader. Entre rire et larmes, je décide de garder l’enfant. J’allais devenir maman… Mais maman solo ! Ma grossesse se passe bien et je suis très entourée malgré l’absence du père. Mais les 3 premiers mois qui suivent la naissance de mon fils sot un enfer, entre fatigue, solitude et allaitement compliqué. Peu à peu, je m’organise : j’obtiens une place en crèche, je retrouve du travail. Mon inconfort s’estompe. Aujourd’hui, à 43 ans, j’ai des projets plein la tête, je refuse de culpabiliser et de considérer que mon enfant sera privé de père«
Une envie tardive
Parfois, avant de « faire famille », il y a l’envie de voyager, et de vivre intensément, de laisser sa carrière se dessiner ou, tout simplement, de jouir de sa liberté ! Taxé de working girl ou d’adulescent, d’irresponsable ou d’égoïste, celui ou celle qui conçoit une envie tardive d’enfant est assez mal perçu par la société. Et pourtant, on peut prendre son temps et vivre intensément sa parentalité …
…comme nous le raconte, Anne, primipare à 41 ans
« Plus jeune, je ne ressentais ni l’envie ni le besoin de fonder une famille. J’ai toujours été un peu à contre-courant : s’accomplir dans la vie ne passait pas nécessairement pour moi par le fait de devenir mère. J’ai d’ailleurs avorté à 26 ans. Puis, mon horloge biologique m’a rappelée à l’ordre : j’ai vécu un véritable “appel du ventre”. J’ai rencontré quelqu’un sur Internet. Il était dans le même état d’esprit que moi et nous avons rapidement mis en route un bébé. Ce projet d’enfant n’a jamais été source de stress ou d’angoisse, malgré le désir puissant qui m’animait. À la naissance de ma fille, j’ai mis ma carrière professionnelle entre parenthèses. Je n’ai eu aucun problème à me décentrer. Je n’avais plus de temps pour moi, mais je l’acceptais : j’avais tellement désiré cet enfant, que tout le reste passait au seconde plan. »
Le couple PMA
Pour certains, devenir parent à 40 ans, ce n’est pas vraiment un choix ! C’est plutôt un coup du sort, une entourloupe de la vie. En trois lettres, ça se résume à PMA. Un parcours médicalement assisté dure en moyenne trois ans. Et il faut beaucoup d’amour (et d’humour), de patience et de résilience pour surmonter les traitements, l’attente et les déceptions…
Laurence, maman à 37 ans après 9 ans de PMA, revient sur cette expérience douloureuse
« J’ai rencontré mon compagnon à 27 ans et nous avons rapidement eu un projet d’enfant. Deux ans plus tard, pas de bébé, mais de violentes douleurs, des malaises et des hémorragies… Les spécialistes découvrent que j’ai une endométriose de stade IV qui m’empêche de tomber enceinte. Entre 28 et 30 ans, on m’opère sans résultat. J’enchaîne quatre FIV entre 30 et 35 ans, qui se soldent toutes par un échec, mon endométriose récidive de manière fulgurante ! Je me sens vulnérable, mais surtout très seule car mon mari s’investit peu. Je tente une dernière opération pour éradiquer l’endométriose, mais rien n’y fait. Mes ovaires sont altérés par la maladie et le don d’ovocyte est mon ultime chance ! Je choisis l’Espagne. À 37 ans, je reçois mon premier transfert d’embryon à Barcelone et je tombe enceinte. Après l’accouchement, je garde un souvenir amer du manque de soutien de mon mari. Nous ressortons affaiblis et désunis de ces neuf ans de PMA : notre vie de couple a été détruite par des rapports sexuels déshumanisés à but exclusivement reproductifs.
La famille homoparentale
Il se trouve qu’après 35 ans, la majorité des couples homosexuels ont tendance à se stabiliser. L’envie naturelle de construire s’installe, à deux ou en famille.
C‘est l’histoire de Claire et Ana, mamans à 38 et 40 ans
« J’ai longtemps vécu avec une femme en me posant la question de la maternité, sans pour autant surmonter les barrières de l’homoparentalité. Puis, j’ai rencontré Claire, à 35 ans. Elle avait déjà entamé seule, à 37 ans, un parcours de PMA en Espagne. De mon côté, j’avais un désir très fort de transmettre mon patrimoine, de construire un foyer, tout semblait évident, il fallait y aller. Je suis Catalane, nous avons donc choisi de partir dans ma ville natale, Barcelone, pour construire notre projet, auprès de ma famille. Claire est tombée enceinte au deuxième essai. Nous avons choisi la FIV plutôt que l’insémination pour nous donner plus de chances de réussir. Nous venons de nous lancer dans un nouveau protocole pour avoir un autre enfant, et cette fois, je le porterai !
Être parent sans être une famille
Et si, on avait l’idée folle de « juste » devenir parent, sans amour, sans couple, juste parent ! Depuis quelques années des sites fleu rissent aux quatre coins du Web, mettant en contact des hommes et des femmes qui veulent avoir un enfant. Une solution pour les quarantenaires qui n’ont pas toujours le temps ou l’envie de créer un foyer classique. On se rassure en se disant que finalement, ça revient au même qu’un couple divorcé, mais la réalité est-elle si simple ?
David F., papa à 43 ans en co-parentalité, nous relate son expérience
« J’ai eu de nombreuses aventures amoureuses qui se sont soldées par des échecs. Un brin fêtard, soit je m’ennuie, soit je ne tombe pas amoureux. J’en ai déduit que je suis totalement incasable, mais, impossible d’envisager la vie sans enfant. Quand j’ai rencontré M. sur un site de rencontre, elle me plaisait en tout point, la femme idéale pour être la mère de mon enfant. J’ai mis 6 mois à la convaincre de créer une famille sans amour, sans vivre ensemble mais en partageant une chose magnifique : la parentalité. Nous avons donc un bébé de 7 mois que je vais chercher tous les jours à la crèche. Je le ramène chez sa maman, chez qui il dort tous les soirs. Elle aurait aimé qu’on soit un couple. La famille n’a pas compris mes choix. Mais maintenant qu’il est là, les grands-parents en sont gaga. M. est très casanière et centrée sur notre fils, je serais ravi qu’elle rencontre quelqu’un pour partager sa vie. »
Alors, vous-êtes vous retrouvez dans notre galerie de portraits de parents tardifs ? Cette liste n’est pas exhaustive… Dîtes-moi en commentaire si j’ai oublié un profil ;-).
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