Quand on devient parent sur le tard, on place souvent la barre assez haut en termes d’éducation… 

Cet enfant, parfois longuement attendu et souvent ardemment désiré, mérite le meilleur… Disponibles et engagés, nous sommes prêts à déplacer des montagnes pour notre progéniture ! Et c’est tout à notre honneur 🙂
Mais nous tombons parfois dans quelques excès et il n’est pas rare que nous nous transformions, l’air de rien, en hyper-parent… C’est bien humain, mais gare au burn out… familial !

Qu’est-ce qu’un hyper-parent ?

C’est un parent qui s’implique de façon excessive dans la vie de son enfant. Il revendique un souci de perfection et se sent hyper responsable. Il a mis au monde un bébé heureux et fera tout pour qu’il le reste jusqu’à la fin de sa vie.

Au quotidien, cela se traduit par une présence exacerbée à chaque moment de la vie de l’enfant. Surveillance poussée à l’extrême, ambition démesurée, sur-stimulation, accompagnement excessif dans chaque nouvelle tâche…

Le psychopédagogue Bruno Humbeeck, auteur de « Et si nous laissions les enfants respirer ? » classe les hyper-parents en 3 catégories :

Le parent hélicoptère qui tournoie constamment au-dessus de son enfant et cherche en permanence à savoir ce qu’il fait. Ses phrases préférées : « Où es-tu ? Que fais-tu ? Avec qui es-tu ? ». Il est prêt à bondir au moindre problème ou soucis matériel… tout en cherchant à rendre son enfant autonome ! Il vit donc dans un paradoxe permanent. « Tu peux faire le tajet de l’école tout seul, mais tu m’appelles tous les 20 mètres… ». Ce parent-contrôle est conduit par l’anxiété.

Le parent drone, également adepte de la surveillance exacerbée mais qui franchit un stade supplémentaire sur l’échelle de l’hyper parentalité. Ambitieux pour sa progéniture, il ne tolère que le meilleur pour elle et veut répondre à tous ses besoins. Fréquentations, écoles, alimentation, activités parascolaires sont ainsi régulièrement passées au crible de la perfection. Il passe son temps à se demander “Qu’est-ce que je peux faire pour que mon enfant bénéficie du meilleur ?”

Le parent curling, qui a tendance à tout lisser avant que son enfant n’emprunte un chemin. Obnubilé par le bonheur de ce dernier, il va tout faire pour qu’il puisse l’atteindre ici et maintenant. Il ne vit d’ailleurs plus que pour la trajectoire de son bambin. Son objectif ? La réussite incontestable de la vie socio-professionnelle et de l’existence personnelle de la prunelle de ses yeux.

Quels sont les risques de l’hyper-parentalité ?

Si elle part toujours d’une bonne intention – bien faire par amour pour son enfant – l’hyper parentalité recèle quelques pièges :

Du côté de l’enfant

la perte de confiance en soi et de l’estime de soi

Soumis à une forte pression sur tous les plans, l’enfant peut se décourager de ne pas « assurer », comme le souhaiteraient ses parents. Il développe un fort niveau d’auto-exigence et une faible tolérance à la frustration. En effet, il ne lui est pas permis d’échouer et il doit constamment se dépasser. Stress et dépression peuvent alors surgir.Il peut aussi se perdre dans des injonctions contradictoires : « Sois autonome, mais reste avec moi ».

L’entrave à son bon développement

Comment se sentir capable d’affronter la vie et ses aléas quand on a toujours été assisté ? Comment trouver les solutions par soi-même quand on les a toujours trouvées pour vous ? « Un enfant a besoin d’expérimenter, de se tromper, de vivre des échecs pour se construire, et ce, depuis le plus jeune âge. L’injonction permanente au bonheur, à la réussite et à l’épanouissement est contre-productive. », comme l’explique Amélie Moireau, éducatrice.

La transformation du lien affectif avec le parent

La notion de plaisir et de partage disparait lors des moments d’échange entre le parent et l’enfant. Le temps doit être constructif, éducatif et utilisé de manière à développer telle compétence ou pour gagner du temps sur les apprentissages scolaires… De quoi nourrir quelques regrets des deux côtés quand le petit aura quitté le nid familial !

Du côté du parent

Le burn out parental

Etre hyper-parent, c’est épuisant. En effet, veiller sur ses enfants comme sur la 7ème merveille du monde demande du temps et de l’énergie. Jouer les taxis, courir d’un activité à l’autre, être sur tous les fronts, vérifier les moindres faits et gestes de ses bambins… Tout cela peut vite conduire au burn out parental.

Le risque d’hypo-parentalité

C ‘est le corolaire du burn out, celui qui conduit le parent à se sentir pas à la hauteur, à culpabiliser et donc à tout laisser tomber. On passe d’un extrême à l’autre : le parent se désintéresse de la vie de son enfant et n’exerce plus son rôle d’éducateur et d’accompagnant.

Comment sortir de l’hyper parentalité ?

l’hyper-parentalité n’est pas une maladie mais une tendance sociétale, à laquelle il faut tenter de résister. 

L’ultra-individualisme, la course à la réussite sociale et la crainte du déclassement ne doivent pas dicter nos choix éducatifs… Plus facile à dire qu’à faire, mais voici quelques pistes pour s’en sortir :

Accepter l’imperfection

En tant que parent quadra, c’est un de nos plus gros challenge : accepter de ne pas être parfait, malgré toute la volonté et l’énergie qu’on y met !  Il s’agit là de lâcher-prise. Souvenez-vous, un enfant n’a pas besoin de parents parfaits mais de parents heureux. Il est donc urgent d’accepter notre part de médiocrité, tant pour nous-même que pour la construction de notre bambin. Dialogue et remise en question auront à nouveau leur place dans la relation parent-enfant.

Apprendre à faire confiance

Comprendre que nos enfants ont aussi leurs intuitions, leurs désirs, et leur façon de faire est essentielle. En leur faisant confiance, nous les laissons gagner pleinement en autonomie. La meilleure posture à adopter est sans doute celle du parent observateur, cher la pédagogie Montessori, qui observe, reste disponible mais intervient peu dans la vie de son enfant.

Restaurer des temps de jeux et d’ennuis

Lever le pied sur les activités éducatives ne signifie pas conduire son enfant à l’échec scolaire, bien au contraire ! « Pour se développer correctement, un petit a besoin de jouer sans pression, sans objectif de performance et aussi de s’ennuyer. Il apprendra par lui-même combler le vide en puisant dans son imagination « , explique Amélie Moireau, éducatrice.

Si l’hyper parentalité s’invite dans plus en plus de foyers, ne laissons pas la pression sociétale tout gâcher. Il est possible d’être un parent engagé et disponible sans viser systématiquement la perfection. N’oublions pas qu’un enfant a avant tout besoin d’amour et d’écoute pour s’épanouir pleinement :-).

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