Un couple sur six consulte un médecin pour des difficultés à concevoir. Les causes de cette infertilité peuvent être féminines, masculines ou mixtes. Mais dans 10% des cas, l’infertilité est inexpliquée. Que révèle ce terme ? A partir de quand parle-t-on d’infertilité inexpliquée ? Quelles sont les chances de grossesse dans ce cas de figure ?

J’ai interviewé pour vous le Docteur Zineb Meski de la clinique Procreatec, à Madrid.

Quelles sont les grandes causes de l’infertilité ?

Les causes de l’infertilité sont pour 30% d’origine féminine. L’âge est le facteur n°1 puisqu’il joue sur la réserve ovarienne. Mais de jeunes femmes peuvent aussi être frappées de ménopause précoce et présenter une faible réserve ovocytaire. Les pathologies ovariennes (endométriose, kystes, ovaire polykystique), utérines (polypes, adénomyose) ou encore tubaires (trompe bouchée…) sont également responsables de troubles de la fertilité chez la femme.

L’infertilité masculine concerne également 30% des cas. Elle peut être d’origine hormonale, on parle alors d’insuffisance testiculaire. Mais le diabète, l’hypertension ou les facteurs environnementaux sont sont également responsables de troubles de la fertilité chez l’homme.

L’infertilité peut également être mixte (toujours dans 30% des cas). C’est une combinaison de troubles masculins et féminins.

Enfin pour 10% des cas, il s’agit d’infertilité inexpliquée (idiopathique), ce qui est très frustrant pour les patients ! Car cette infertilité n’a pas de cause identifiée sur laquelle on peut agir.

Alors justement, à partir de quand parle-t-on d’infertilité inexpliquée ?

On parle d’infertilité inexpliquée quand les essais bébé ont lieu depuis un an et ne donnent rien et que le bilan d’infertilité écarte toutes les causes d’origine organiques.

Le nombre de cas d’infertilité inexpliquée a tendance à augmenter ces dernières années pour deux raisons. Tout d’abord parce qu’on les diagnostique plus facilement. Ensuite, parce que notre rythme de vie et le stress qui va avec influent fortement sur nos capacités à procréer.

Le profil des patients, dont l’infertilité est inexpliquée varie.

Il peut s’agir de couples jeunes, entre 30 et 40 ans, sans pathologies, ni antécédents particuliers. Ou encore d’hommes et de femmes qui ont fait un premier enfant sans difficulté mais qui peinent à avoir le 2ème.

Bien sûr, les quadras sont globalement moins sujettes à l’infertilité inexpliquée car le facteur âge impacte la réserve ovarienne. Mais de nombreuses femmes quarantenaires ont encore une bonne réserve ovarienne et il faut faire attention à ne pas tout mettre sur le dos de l’âge ! Dans le cas d’une infertilité inexpliquée à 40 ans, il faut agir vite et ne pas perdre de temps pour explorer d’autres pistes.

Quelles solutions proposez-vous à un couple qui fait face à une infertilité inexpliquée ?

Quand des hommes et des femmes sont frappés par l’infertilité inexpliquée, il est important de chercher les causes ailleurs. Si tout fonctionne bien sur le plan organique, l’origine du problème est peut-être psychologique.

Le rôle du médecin est alors essentiel. Chez Procreatec, on pose beaucoup de questions sur le mode de vie, l’ambiance au sein du couple, les éventuelles difficultés, la préparation de la vie à 3… On leur propose souvent un suivi psy ou des thérapies alternatives, surtout quand ils sont jeunes et qu’on peut se permettre de perdre un peu de temps.

Mais on peut être amené à les orienter vers un traitement de PMA, alors même qu’ils n’ont pas de pathologies avérées. Tout simplement parce certains patients en ont marre d’attendre ! La PMA devient alors un soutien et un levier psychologique pour faire avancer les choses

Mais parfois, le problème psychologique est tellement important que l’option PMA ne fonctionne pas. Il est alors primordial d’engager un travail sur soi et d’explorer des voies auxquelles encore non envisagées. La psychogénéalogie est un outil puissant qui permet de comprendre l’impact des traumatismes et des souffrances de ses ancêtres sur ses propres blocages. Ainsi des fausses couches ou des avortements à répétitions ou encore des enfants morts-nés peuvent expliquer une peur inconsciente de tomber enceinte, pour ne pas perpétrer la tradition familiale, en quelque sorte

Un autre levier à actionner est celui de l’hygiène de vie ! On ne le répètera jamais assez, mais Une activité sexuelle régulière, un peu de sport (mais sans excès), une alimentation équilibrée, du temps pour soi influent clairement sur nos capacités à procréer.

Quelles sont les chances de grossesse dans le cas d’une infertilité inexpliquée ?

Les chances de grossesse dépendent en partie de l’âge, qui reste la pierre angulaire de la fertilité. Mais l’âge a moins d’impact dans le cadre d’une infertilité inexpliquée, puisque c’est la dimension psychologique ou « hygiène de vie » qui domine.

Mais quand on passe par l’option PMA, force est de constater que ça marche mieux chez les femmes jeunes, ce qui est normal. Les chances de réussite sont de 25% via une insémination et de 45% avec une FIV. Quand on sait que les chances de grossesse sont de 20% par cycle quand on a moins de 30 ans, la PMA reste une option intéressante, qui optimise les chances de devenir maman.

Dans le cadre d’une infertilité inexpliquée, il n’est pas rare qu’une grossesse démarre avant la fin du bilan de fertilité. De la même façon, quand un couple se résout à adopter parce qu’il n’arrive pas à concevoir un enfant, une grossesse spontanée survient souvent dans la foulée.

Le lâchez-prise reste la meilleure façon de faire un enfant naturellement !

Note de la rédaction

Dans le cadre d’une infertilité inexpliquée, après échec dans le parcours de PMA, 24% des couples conçoivent naturellement au cours des 2 ans suivants, 30 % dans une moyenne de 6 ans. Et pour les couples qui ont eu un premier enfant par PMA, 20 % d’entre eux concevront naturellement un deuxième enfant au cours des 3 ans suivants.

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez sans doute le témoignage de « Béatrice, maman sur le tard après un long parcours »