Quand on veut un bébé, il y a deux facteurs de réussite essentiels : la qualité ovocytaire et la qualité de l’endomètre.

Que peut-on faire au-delà des examens classiques pour affiner le diagnostic médical et mettre en place des traitements spécifiques si nécessaire ?

Nous interrogeons la Dre Katharina Spies, gynécologue, spécialiste en PMA et directrice médicale de Vida Fertility Madrid sur ce sujet :

La qualité de l’endomètre est-elle aussi importante que la qualité ovocytaire pour obtenir une grossesse ?

En PMA, le meilleur des résultats s’obtient en tenant compte de tous les paramètres pouvant avoir une influence sur l’implantation de l’embryon et le bon développement de la grossesse. Les deux facteurs les plus importants sont bien-sûr la qualité embryonnaire, qui dépend elle-même de la qualité des ovocytes et du sperme, et la qualité de l’endomètre. Les deux sont d’égale importance parce qu’une grossesse à terme ne peut s’obtenir sans un embryon de qualité ET un endomètre de qualité.

Un embryon génétiquement sain ne pourra pas s’implanter correctement dans un endomètre qui n’est pas bien préparé, et de la même manière, un endomètre parfait ne pourra pas faciliter l’implantation d’un embryon qui n’est pas sain. Ils vont ensemble.

Dans quel cas l’endomètre peut-il poser un problème dans le cadre d’un projet bébé ?

Le problème le plus récurrent en ce qui concerne la préparation endométriale, c’est la difficulté à obtenir une épaisseur suffisante à l’implantation de l’embryon. C’est un cas qui arrive surtout auprès des patientes ménopausées ou qui souffrent de pathologies endométriales ou utérines, comme le Syndrome de Asherman, les endométrites chroniques, des curetages multiples, … Pour les femmes qui ont subi plusieurs échecs d’implantation ou bien des fausses-couches à répétition, il sera important de vérifier ces pathologies sous-jacentes ou une altération du microbiome endométrial par exemple.

Un autre souci peut provenir d’une fenêtre d’implantation déplacée, c’est-à-dire que pour certaines femmes, leur endomètre est physiologiquement prêt à recevoir l’embryon à un moment différent de l’arrivée de celui-ci dans l’utérus. Il faut donc déterminer le bon moment pour effectuer le transfert embryonnaire.

Quels examens peut-on faire et quelle est leur utilité respective ? Que peuvent-ils révéler ?

Chaque cas est différent et les examens sont faits en fonction.

Lorsqu’une patiente présente des échecs d’implantation ou des fausses-couches à répétition, c’est-à-dire qu’elle n’a pas de grossesse évolutive malgré de transfert d’embryons de bonne qualité, il sera donc important d’aller plus loin dans son évaluation de l’endomètre.

Une évaluation détaillée de la cavité utérine se fait par hystéroscopie qui vise à détecter anomalies et altérations qui gêneraient l’implantation.

Nous vérifions donc sa fenêtre d’implantation endométriale, par le biais du test ERA, et nous analysons sa microbiome endométriale et l’existence ou non d’une endométrite chronique, par le biais des test EMMA et Alice.

L’immunologie est également un facteur important pour l’endomètre et le test Matrice Lab permet de déterminer s’il existe une altération immunologique au sein de l’endomètre et de donner à la patiente le traitement thérapeutique qui correspond.

Enfin, l’échographie 3D et une IRM pelvienne peuvent également être utiles dans certains cas.

Si on découvre une endométrite ou une suractivité immunitaire, que peut-on faire sur le plan médical ?

L’endométrite (aigüe ou chronique) est une infection de l’endomètre. Elle est habituellement traitée par antibiotiques, puis par probiotiques vaginaux ou oraux, afin de rétablir le microbiome endométrial.

Dans le cas d’altérations immunologiques au niveau de l’endomètre, il n’y a pas un traitement mais plusieurs et les indications spécifiques à chaque patiente dépendent de ses résultats d’analyse. Ces traitements peuvent par exemple inclure des corticoïdes, des doses élevés d’œstrogènes ou progestérone, d’HCG, d’intralipides, …

Constate-t-on une augmentation des chances de grossesse grâce aux examens complémentaires de l’endomètre ? Existent-ils des études sur le sujet ?

Comme toujours en statistique, tout dépend de comment ces examens sont prescrits.

S’ils sont prescrits à toutes les patientes de PMA, l’augmentation globale des chances de grossesse est faible parce qu’ils sont effectués sur des femmes qui potentiellement n’en ont pas besoin car leur problème de fertilité n’est pas en lien avec l’endomètre et le résultat ne changera pas leur traitement.

S’ils sont effectués uniquement en cas d’échecs d’implantation ou de fausses-couches à répétition, sur des femmes pour lesquelles on suspecte fortement une altération endométriale, alors oui, l’augmentation des chances de grossesse est significative car ces examens permettent de savoir la cause de ces échecs et donc de trouver une solution thérapeutique.

Comment peut-on savoir si l’embryon est de bonne qualité ? En quoi consiste le DPI ? Les chances de grossesses sont-elles augmentées ?

Un embryon de bonne qualité est d’abord un embryon qui arrive au stade de blastocyste (jour 5-6). C’est pourquoi un transfert à J3 ne se fait presque plus.

Ensuite, un embryon doit être ce que l’on appelle « euploïde », c’est-à-dire qu’il a correctement ses 23 pairs de chromosomes. Pour le savoir, on effectue un DPI (diagnostic pré-implantatoire) aussi appelé PGT-A de son nom en anglais. Le DPI consiste à prélever et analyser 3-5 cellules de l’embryon afin de connaître son caryotype. C’est une technique fiable et sûre (les cellules prélevées sont celles du futur placenta) qui permet de faire une sélection des embryons et de ne transférer que ceux qui sont génétiquement sains et donc viables pour une grossesse à terme.

Cette technique est surtout indiquée pour les femmes de plus de 38-39 ans qui utilisent leurs propres ovocytes, lorsqu’il existe une altération grave du spermogramme, lorsque le père a plus de 45-47 ans, lorsque le caryotypes des patients est altéré ou lorsque les patients ont déjà eu plusieurs échecs d’implantation et/ou fausses-couches.

Le DPI non seulement augmente considérablement les chances de grossesse des cas mentionnés, mais il réduit également le risque de fausse-couche.

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