Le 6 juin dernier dernier, La clinique espagnole Eugin organisait la Conférence Infertilité(s), dans le cadre de la semaine de sensibilisation à l’infertilité.

L’occasion de revenir sur un sujet d’actualité qui fait polémique : l’autoconservation des ovocytes !

Alors que l’Espagne, la Belgique, l’Angleterre ou le Danemark ont légalisé cette pratique, la France traine encore des pieds…  Pour preuve le dernier rapport des Etats Généraux de la Bioéthique, rendu le 5 juin dernier : « ce point a été peu souvent abordé et les avis étaient partagés ».

En quoi consiste l’autoconservation des ovocytes ?

Il s’agit de prélever chez la femme ses ovocytes puis de les congeler à très basse température (-196°). La patiente subit d’abord une stimulation ovarienne puis une ponction des ses ovocytes. Le but étant de les conserver afin de les utiliser plus tard, en les implantant dans l’utérus via une fécondation in vitro (FIV).

Elle est autorisée en France depuis 2011 dans deux cas bien précis .

  • si votre fertilité risque d’être affectée par une pathologie (endométriose) ou un traitement médical (suite à un cancer par exemple)
  • si vous procédez à un don d’ovocyte gratuit et anonyme au profit d’autres femmes souffrant d’infertilité.

En dehors de ces deux cas de figure, cette pratique est formellement interdite.

Prévenir plutôt que de guérir

Notre société évolue, notre façon de faire famille également. Les nouvelles générations font des enfants de plus en plus tard.  En effet, l’allongement de la durée des études, la généralisation du travail des femmes, la recomposition des familles et les difficultés à trouver le bon partenaire sont autant de facteurs qui repoussent sans cesse l’âge moyen du premier enfant en France et ailleurs.

Si les techniques de Procréation Médicalement Assistées sont toujours plus innovantes, les résultats restent mitigés. Ceci s’explique en grande partie par  l’âge avancé des femmes qui y ont recours.

Avoir la possibilité de vitrifier ses ovocytes à 30 ans pour les utiliser à 40 permettrait alors de pallier à cela. Prévenir, plutôt que de guérir, en quelque sorte !

Les réfractaires y opposent deux arguments. Le premier concerne les risques médicaux liés à la ponction et à la stimulation ovarienne. Mais les dernières études menées outre-Atlantique, minimisent ce point. Le second part du principe que les femmes vont profiter de cette aubaine pour faire des enfants de plus en plus tard.  Il dénonce un « geste de confort »… Pourtant la plupart de celles qui y recourent le font avant tout parce qu’elles n’ont pas rencontré le bon partenaire à 35 ans. Elles s’en passeraient bien si elles le pouvaient.  Elles préfèrent de loin faire un enfant de façon naturelle, c’est moins physique et moins éprouvant !

Une avancée profondément féministe

Le développement de cette pratique constituerait un grand pas vers l’égalité homme-femme. Certains experts parlent même  » d’un moyen d’égalisation des conditions procréatives ». Ce qui permettrait aux femmes de se voir enfin offrir la possibilité de vivre leur vie sociale aussi pleinement que les hommes sans pour autant sacrifier une potentielle maternité.

.Mais la France ne s’est pas encore alignée sur ses voisins européens, si bien que de plus en plus de jeunes femmes françaises (pas  moins de 500 en 2017) vont faire vitrifier leurs ovocytes à l’étranger.

Lors de la Conférences Infertilité(s), de nombreuses voix se sont fait entendre en faveur de la légalisation de l’autoconservation des ovocytes. Elles déplorent clairement le surplace de la loi.

Le Dr Catherine Rongières, Coordinatrice du Centre d’Assistance médicale à la procréation au CHU de Strasbourg et le Dr Joëlle Belaisch-Allart, chef du service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction centre hospitalier des 4 Villes Saint Cloud, ont appelé à une forte mobilisation pour pousser le législateur à octroyer ce droit à toutes les femmes et proposent même la création d’un lobby.

De son côté, l’association Collectif Bamp !, très active sur la sensibilisation à l’infertilité, a rappelé le lancement de sa pétition « Pour l’autoconservation des ovocytes et la préservation de la fertilité ! «  sur la plateforme Change.org.

Enfin, Myriam Levain, rédactrice en chef du magazine Cheek, est venue parler de son ouvrage  « Et toi, tu t’y mets quand ? ». Celui-ci  raconte dans le détail son parcours pour faire congeler ses ovocytes en Espagne. L’occasion pour elle de rappeler que la congélation des ovocytes n’est pas une assurance-bébé mais plutôt un pari sur l’avenir, une avancée de la médecine qui permet de faire gagner un peu de temps aux femmes qui n’ont pas encore envie de faire des enfants ou qui n’ont pas trouvé le bon partenaire.

Affaire à suivre en 2019 !